La Forêt irrégulière école veut préserver le Parc national de forêts

Des mesures sont effectuées ponctuellement.
Des mesures sont effectuées ponctuellement.
Mieux comprendre la forêt, son évolution, sa régénération... une mission à laquelle s'attache chaque jour la Forêt irrégulière école (FIE). Rencontre !

À Auberive, depuis plusieurs années déjà, la FIE a trouvé sa place et prouvé sa pertinence, au beau milieu du Parc national de forêts.

En effet, en lien avec le Sigfra (Syndicat Intercommunal pour la gestion forestière de la région d'Auberive) et l'ONF, elle contribue à la connaissance, au travail et à la préservation du domaine forestier.

Si cela passe par de nombreux ateliers de découverte et de formation, l'un des volets d'importance de la structure est sans conteste la recherche et l'étude du comportement des parcelles boisées.

Un domaine notamment dévolu à Carole Allard de Grandmaison, qui explicite la mission qu'elle effectue en terre haut-marnaise : " il convient tout d'abord de revenir sur le contexte. La forêt a besoin d'être renouvelée car on va prélever ponctuellement des arbres, donc créer des espaces destinés ensuite à recevoir de nouvelles pousses, ce que l'on nomme la sylviculture mélangée à couvert continu. À cela s'ajoute le changement climatique affectant notamment les hêtres (40 % du couvert adulte) qui sont en train de mourir car très éprouvés par les dernières sécheresses ".

Un constat qui accroît encore l'enjeu de se pencher sur le renouvellement de la forêt.

Mieux comprendre

Paradoxalement, si les hêtres à maturité sont destinés à rapidement disparaître, les jeunes pousses de la même essence mais également de chêne, d'érable, d'alisier, etc. qui viennent en régénération naturelle et croissent spontanément, s'avèrent pour l'instant moins sensibles à la sécheresse.

Du moins au début, car l'étude menée par Carole montre qu'ils sont fréquemment bloqués dès qu'ils avoisinent 50 cm.

" Les raisons avancées sont multiples, comme la consommation par les cervidés, les chevreuils (dont la population a été multipliée par plus de dix depuis les années 70) étant très friands des jeunes pousses. Autre hypothèse, le manque de lumière, notamment pour les jeunes chênes. Et enfin, la "compétition" chêne/hêtre. S'ils sont côte à côte, le hêtre pousse plus vite et étouffe le jeune chêne ", explique Carole.

Même si l'interaction entre ces phénomènes, et bien d'autres encore, rythme la vie de la forêt, il est nécessaire d'en comprendre le fonctionnement afin de faire perdurer les massifs.

Mieux anticiper

Un travail de longue haleine qu'effectue quotidiennement la jeune femme afin de définir dans quelles conditions optimales chaque essence croît le mieux.

Cela passe par une période de repérage des régénérations naturelles de hêtre, chêne, alisier, érable, et charme, suivie d'une sélection et d'un marquage.

" Situés sur des sols homogènes, certains entourés de grillage, d'autres non, nous procédons chaque année à leur étude, notamment en les mesurant, en les observant... À ce stade de l'étude, dont les prémices remontent à 2019 et portent sur environ 600 semis, l'influence des cervidés est statistiquement évidente sur certaines essences comme le chêne, les alisiers blancs et les érables champêtres ", précise Carole.

Une étude qui va prochainement être affinée en examinant quelque 2 300 semis, sur une durée d'environ dix années, de manière à suivre l'évolution des jeunes sujets jusqu'à une hauteur de deux mètres.

Néanmoins, sur notre territoire, il semble d'ores et déjà acquis que plus la forêt sera mélangée, plus elle saura résister aux divers aléas que sont le climat, la faune, etc.

Menée par la FIE d'Auberive, cette étude de terrain, à l'approche nouvelle et atypique, pourra également servir de référence dans le but d'être dupliquée sur d'autres sites, français et belges.

Un travail, certes fastidieux mais ô combien important pour le devenir de la forêt, et qui sera très utile pour les divers intervenants que sont l'ONF, les forestiers, l'OFB, les sociétés de chasse et autres. 

0 COMMENTAIRE

Commentez l'article

Votre adresse email ne sera pas publiée. * Champs requis

Annuler

0 Commentaire